Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tu es si triste ? lui demanda-t-elle ; fais-moi part de ton chagrin.

— C’est que, grand’mère, bien que mes pommes aient été trouvées les plus belles, on me refuse le prix, à présent, et l’on m’envoie garder des écureuils au bois, avec ordre de les ramener à la maison, au coucher du soleil, après les avoir laissés libres, toute la journée. Je vous demande un peu si cela a le sens commun ?

— Ce n’est rien, cela, mon enfant ; ne t’en chagrine donc pas et aie confiance en moi. Voici un sifflet (et elle lui donna un petit sifflet d’argent), et il te suffira de souffler dedans, quand tu voudras réunir tes écureuils ; ils arriveront aussitôt, en quelque lieu qu’ils puissent être, et te suivront partout où tu voudras les mener. Mais, garde-toi bien de siffler sans besoin.

Tugdual remercia, et la vieille disparut aussitôt. Il avait des doutes, tant la chose lui paraissait invraisemblable, et il se disait :

— Puisse-t-elle avoir dit vrai !

Il continua sa route et, arrivé à un beau vallon fleuri, au milieu du bois, il ouvrit son sac et donna la liberté à ses écureuils. Et les voilà, flip ! flip ! flip ! de courir aux arbres, de grimper le long des troncs et de sauter de branche en branche, avec autant d’agilité et de légèreté que s’ils avaient eu des ailes.