— Attendez donc, lui dit Laouic, ce n’est que le commencement, cela ; j’ai encore deux coups à donner.
— Garde ton sifflet et ton argent, et va-t’en au diable !
Et il courut à la maison, en gémissant et en se grattant le derrière.
— C’est à merveille, jusqu’à présent, se disait Laouic, et je gagne beaucoup d’argent avec peu de peine ; pourvu que ça ne se gâte pas, à la fin...
Le seigneur et sa femme passèrent la nuit à chercher le moyen de mettre la science et la finesse de Laouic en défaut.
— Il faut, dit la femme, lui dire de remplir un sac de vérités, sinon il sera mis à mort.
— C’est cela, dit le seigneur, jamais il n’en viendra à bout.
Le lendemain matin donc, au moment où Laouic se disposait à se rendre avec ses perdrix sur la lande, comme les jours précédents, le châtelain lui dit :
— Aujourd’hui, tu n’iras pas garder mes perdrix, sur la lande, j’ai une autre occupation à te donner. Tu me rempliras un sac de vérités, sinon, il n’y a que la mort pour toi.
— Je le ferai, monseigneur, répondit Laouic tranquillement. Seulement, préparez-moi un grand sac, car j’y veux mettre de grosses vérités.