Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/221

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Son troisième fils, le bossu, pour lequel il n’avait aucune affection, lui dit alors :

— Laissez-moi partir, à mon tour, mon père.

— Partir où ? lui demanda le vieillard.

— A la recherche de mes frères et du remède de la princesse de Hongrie, mon père.

— Toi... fait comme tu l’es... Y songes-tu ?

— Mon père, laissez-moi partir, j’ai confiance et je crois que je réussirai mieux que mes frères.

— Après tout, pars si tu veux, et quand tu ne reviendrais pas, ce ne serait pas un grand mal.

Le bossu se met en route, léger d’argent et à pied. Il ne pouvait pas descendre, comme ses frères, dans les grands hôtels, et il logeait dans les plus modestes auberges ou dans les fermes, où il recevait l’hospitalité gratuitement.

Un jour, vers le coucher du soleil, après avoir marché toute la journée, il entra dans une pauvre hutte de terre, au bord de la route, pour demander à loger. Il y trouva une femme accablée de douleur, et entourée de cinq ou six petits enfants qui criaient : « Mère, du pain ! Mère, du pain ! »

— Que demandez-vous, mon brave homme ? lui dit-elle, car il était resté sur le seuil de la porte, immobile et silencieux, devant un pareil spectacle.

— Je cherche un logement pour la nuit, répondit-il, car je suis bien fatigué.