Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/269

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un prince, ou pour le moins le fils d’un grand seigneur, riche et puissant, ou encore avec un Morgan.

Il paraît qu’un vieux Morgan, qui se cachait par là, derrière un rocher ou sous les goémons, l’entendit, et, se jetant sur elle, il l’emporta au fond de l’eau. Ses compagnes coururent raconter l’aventure à sa mère. Jeanne Kerbili était à filer, sur le pas de sa porte ; elle jeta sa quenouille et son fuseau et courut au rivage. Elle appela sa fille à haute voix et entra même dans l’eau, aussi loin qu’elle put aller, à l’endroit où Mona avait disparu. Mais, ce fut en vain, et aucune voix ne répondit à ses larmes et à ses cris de désespoir.

Le bruit de la disparition de Mona se répandit promptement dans l’île, et nul n’en fut bien surpris. « Mona, disait-on, était la fille d’un Morgan, et c’est son père qui l’aura enlevée. »

Son ravisseur était le roi des Morgans de ces parages, et il avait emmené la jeune ouessantine dans son palais, qui était une merveille dont n’approchait rien de ce qu’il y a de plus beau sur la terre, en fait d’habitations royales.

Le vieux Morgan avait un fils, le plus beau des enfants des Morgans, et il devint amoureux de Mona et demanda à son père de la lui laisser épouser. Mais le roi, qui, lui aussi, avait les mêmes intentions à l’égard de la jeune fille, ré-