Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/307

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— C’est égal, père, achetez-nous des accoutrements de cavaliers, et laissez-nous faire, ensuite.

Le vieux seigneur promit et partit, et, les États terminés, il revint avec tout ce qu’il fallait pour l’équipement de trois cavaliers. Les jeunes filles en furent heureuses, et il fut décidé entre elles qu’elles se rendraient à la cour du roi, mais, successivement et une par an, pendant trois ans.

L’aînée, Marguerite, partit la première. Elle fit ses adieux à son père et à ses sœurs et se mit en route.

Mais, dès qu’elle fut sortie de la cour du château, son père prit une vieille arquebuse rouillée, une veste de paysan avec un chapeau à larges bords, et courut à travers champs s’embusquer derrière un tronc d’arbre, au bord d’un chemin creux par où devait passer sa fille. Quand elle vint à passer, il se montra subitement, son fusil à la main, et cria : — « Halte-là ! La bourse ou la vie ! » Aussitôt la jeune fille tourna bride et revint à la maison, où elle arriva toute pâle et toute bouleversée. Son père, qui avait pris à travers champs, l’y avait devancée, et elle lui conta son aventure.

Le lendemain matin, Francesa voulut partir aussi, et il lui arriva absolument comme à sa sœur aînée.