Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et la fée disparut.

Le capitaine Lixur, rassuré désormais, s’occupa aussitôt des préparatifs de son entreprise. Comme l’argent ne lui manquait point, il trouva facilement les bassins de cuivre et le lait dont il avait besoin. Pendant la nuit, il posa les bassins sur des trépieds, depuis l’entrée de la caverne jusqu’au chêne que la fée lui avait désigné, il les remplit de lait, sema des morceaux de pain blanc trempés de lait dans les intervalles, fit tout enfin comme on le lui avait recommandé, et, à dix heures du matin, toutes ses dispositions étaient prises. Puis, il monta sur l’arbre et attendit. Aucun être vivant ne se faisait voir ni entendre, dans la forêt, tant l’air était infecté et mortel ; mais, sa pommade le garantissait contre l’infection. Le temps était beau et le soleil brillait. A midi, le monstre sortit de sa caverne. Il était rouge ardent, et ressemblait assez à un poulain d’un an, ou environ. A la vue des bassins de cuivre, rangés à la file, sur leurs trépieds, il parut étonné. Il s’approcha du premier, le flaira et le huma avec avidité. Puis le second, le troisième et le quatrième furent vidés, avec la même rapidité. Et à mesure que le lait disparaissait, l’air se purifiait et devenait respirable. Quand le dernier bassin, placé sous l’arbre, fut aussi absorbé, le capitaine Lixur cria :

— Holà ! Satyre, te voilà pris !