cela lui paraissait si extraordinaire, qu’il en parla, un soir, à la maison.
Sa grand’mère, qui tournait son fuseau entre ses doigts, assise sur un galet rond (eur vilienn), au coin du foyer, lui parla de la sorte :
— Ce sont des femmes-cygnes, mon enfant, filles d’un puissant magicien, et qui habitent un beau palais, tout resplendissant d’or et de pierres précieuses, et retenu par quatre chaînes d’or, au-dessus de la mer, bien haut, bien haut.
— N’y aurait-il donc pas moyen d’aller voir ce beau château, grand’mère ? demanda le jeune garçon.
— Cela n’est pas facile, mon enfant ; cependant, on peut y aller, car du temps que j’étais jeune, on parlait d’un garçon de ton âge, à peu près, nommé Roll Dagorn, qui y avait été, et en était même revenu, et c’est par lui qu’on a eu des nouvelles de là-haut.
— Et comment faut-il donc s’y prendre pour y aller, grand’-mère ?
— Ah ! pour cela, il faut n’être pas peureux, d’abord ; ensuite, il faudrait se cacher dans les buissons qui bordent l’étang, s’y tenir bien tranquille et bien silencieux, puis, quand les princesses (car ce sont des princesses) auraient quitté leurs peaux de plumes, enlever une de ces peaux et ne la rendre, ni pour prières ni pour menaces,