Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/100

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— Le voilà !

Et Iann lui présenta le cierge qu’il avait acheté au village voisin et fait teindre en bleu.

— Tu me trompes ! dit aussitôt la vieille ; ce n’est pas là le flambeau de l’Homme de fer : tu n’as donc pas été au château ?

Voyant qu’il ne lui servait de rien de mentir, Iann prit le parti de dire la vérité.

— J’ai bien été au château, grand’mère, et j’ai pénétré jusqu’à l’Homme de fer, et je lui ai enlevé son flambeau ; mais, au moment où je sortais de la cour, j’entendis, derrière moi, un tel bruit et des cris si effrayants, que je crus que tous les monstres de l’enfer étaient à mes trousses ; je perdis connaissance, je tombai à terre, et, quand je revins à moi, je n’avais plus le flambeau ! Alors, n’osant me présenter devant vous, j’allai au village le plus voisin, et j’y achetai ce cierge, que fis teindre en bleu, espérant vous tromper ainsi : pardonnez-moi, je vous prie.

— Non, je ne te pardonnerai pas, et retire-toi, vite, de devant mes yeux ! répondit la vieille, en fureur.

Iann ne se le fit pas dire deux fois, et il partit. Comme il avait de l’or, plein ses poches, il n’avait plus souci de rien, et il voyageait à son aise et gaîment, s’arrêtant où bon lui semblait, et