Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/121

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Et elle rejeta encore autant de crapauds qu’elle prononça de mots.

— Allez vous coucher, ma fille, lui dit sa mère, furieuse de ce qu’elle voyait, et se promettant de s’en venger sur Lévénès.

Et en effet, il n’est pas d’humiliation ni de misère qu’elle ne lui fît subir. Heureusement, qu’elle se maria, peu après, à un jeune gentilhomme du pays, qui l’emmena avec lui à son château, et la marâtre et sa fille faillirent en mourir de dépit et de jalousie[1].

La jeune femme se trouva bientôt enceinte. Son père était mort. Elle donna le jour à un fils et lui choisit pour marraine sa marâtre, car elle n’avait conservé ni haine ni ressentiment des humiliations et des mauvais traitements dont elle l’avait abreuvée. La méchante se rendit auprès d’une sorcière de ses amies, et la consulta sur la manière dont elle pourrait substituer sa propre fille à la jeune mère, sans que le mari de celle-ci s’en aperçût. La sorcière lui dit :

— Traversez d’une aiguille noire la tête de la mère, et aussitôt elle sera métamorphosée en cane et s’envolera par la fenêtre de sa chambre, pour aller se mêler aux canards de l’étang. Vous

  1. Tout ce commencement semble étranger au conte de La Méchante Marâtre, qui va suivre.