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Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/120

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courut à Margot et l’invita poliment à danser avec eux.

— Merde ! lui répondit-elle.

— Quel cadeau ferons-nous à cette fille, pour la manière dont elle a accueilli notre proposition ? demanda le nain à ses camarades.

— Elle est bien laide, mais, qu’elle devienne bien plus laide encore, répondit un d’eux.

— Qu’elle ait un œil unique, au milieu du front, dit un autre.

— Qu’un crapaud lui tombe de la bouche, à chaque parole qu’elle prononcera, et qu’elle souille d’ordures tout ce qu’elle touchera, dit un troisième.

— Qu’il soit fait ainsi ! crièrent tous les autres, en chœur.

Margot se rendit ensuite à l’église, prit le livre de sa mère, dans son banc, et le lui rapporta.

— Voilà votre livre ! dit-elle, en le lui jetant, tout puant et souille d’ordures.

Et trois crapauds lui tombèrent en même temps de la bouche.

— Que t’est-il donc arrivé, ma pauvre fille ? s’écria la mère, désolée ; dans quel état tu me reviens !… Qui t’a rendue ainsi ? As-tu vu les Danseurs de nuit, et as-tu dansé avec eux ?

— Moi danser avec des êtres si laids ! Merde pour eux !