Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/131

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— Que vous est-il donc arrivé, pour être ainsi ?

— Il ne m’est rien arrivé, mère, répondit Jeanne.

Elle ne savait pas qu’elle était si belle.

— Vous n’avez pas rencontré les Danseurs de nuit, au carrefour ?

— Si vraiment, mère, je les ai rencontrés, et j’ai même dansé avec eux.

— Et ils ne vous ont pas fait de mal ?

— Non, ils ont même été fort aimables avec moi.

— Vraiment ?... Et dans la chapelle, qu’avez-vous vu ?

— Je n’ai vu rien d’extraordinaire, mère.

— Vraiment ?... Eh bien ! allez vous coucher. Toute la nuit, la marâtre fut préoccupée de l’aventure de Jeanne.

— Ce sont, sans doute, les Danseurs de nuit qui l’ont ainsi changée, se disait-elle. Demain, j’irai à la chapelle, dans l’après-midi, en me promenant, et j’y laisserai encore mon livre d’heures, et le soir, j’enverrai aussi ma fille me le chercher, pour voir...

Le lendemain, elle dit à Catho qu’elle deviendrait aussi belle que Jeanne, et même davantage, si elle voulait aller aussi, pendant la nuit, lui chercher son livre d’heures à la vieille chapelle du bois.