Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/187

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— Qui est-là ? Y a-t-il quelqu’un dans le puits ?

Et une voix plaintive, et qu’il connaissait bien, lui répondit :

— Oui, c’est moi, votre femme Lévénès.

Le seigneur, sans attendre d’autre explication, descendit, vite, le seau dans le puits, et en retira sa femme. La frayeur de la pauvre Lévénès avait été telle, qu’elle en accoucha aussitôt d’un fils beau comme le jour.

— Il faut faire baptiser l’enfant, sur-le-champ, dit-elle ; vous lui donnerez la marraine que vous voudrez, mais, je veux que le parrain soit mon grand mouton blanc.

— Quoi ! donner un mouton pour parrain à votre fils !...

— Je le veux ainsi, je vous le répète ; obéissez-moi, et ne vous inquiétez de rien.

Pour ne pas contrarier la jeune mère, et de crainte d’aggraver son mal, le père consentit, quoique à contre-cœur, à ce que le grand mouton blanc fût le parrain de son enfant.

On se rendit à l’église. Le grand mouton blanc, tout joyeux, marchait de front avec le père et la marraine, une jeune et belle princesse. Les huit autres moutons, ses frères, les suivaient. Tout ce cortège entra dans l’église, au grand étonnement des habitants du village. Le père présenta l’enfant