Et il suivit le conseil du Lièvre, descendit l’avenue de vieux chênes et se trouva devant un vieux château, ceint de hautes murailles. Il frappa à la porte avec la crosse de son fusil et une voix, qu’il reconnut facilement pour être celle de sa sœur aînée, demanda de l’intérieur :
— Qui est là ?
— C’est moi qui viens te voir, sœur chérie ; ouvre-moi, vite.
— Comment ! c’est toi, frère chéri ? Que je suis donc heureuse de te revoir !
Et elle ouvrit la porte, et ils s’embrassèrent tendrement.
Malo entra dans le château, conduit par sa sœur, qui lui fit servir à manger. Puis, elle lui dit :
— J’aurais été bien heureuse, frère chéri, de te voir passer quelque temps ici, avec moi, mais, hélas ! cela ne se peut pas, sans grand danger pour ta vie. Le géant, mon mari, est parti depuis ce matin, comme tous les jours, pour la chasse aux hommes[1], car c’est là à peu près sa seule nourriture, et quand il rentrera, ce soir, je crains fort qu’il ne veuille te manger, aussi surtout si sa chasse n’a pas été bonne.
— Ah ! ton mari mange les hommes ! Il n’im-
- ↑ Da duta, expression bretonne qui ne se peut traduire littéralement que par le barbarisme hommer.