Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/246

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Les animaux à poil allaient enfin l’emporter, quand arriva aussi l’Aigle, qui était en retard. Il se jeta dans la mêlée et, partout où il passait, il abattait et éventrait tout. Il ramena promptement l’avantage du côté des siens.

Le fils du roi assistait au combat, à la fenêtre de son palais. Voyant que l’Aigle allait tout exterminer, comme il vint à passer au ras de sa fenêtre, il lui porta un coup de sabre et lui cassa une aile, si bien qu’il tomba à terre. La victoire resta dès lors aux animaux à poil, et le Roitelet, qui avait combattu comme un héros, fit entendre son chant de triomphe, au sommet du clocher de la chapelle de saint Hervé, que l’on voit encore sur le haut de la montagne.

L’Aigle, blessé et ne pouvant plus voler, dit au fils du roi :

— À présent, il te faudra me nourrir, pendant neuf mois, de chair de perdrix et de lièvres.

— Je le ferai, répondit le prince.

Au bout des neuf mois, quand l’Aigle fut guéri, il dit au fils du roi :

— À présent, je vais retourner chez ma mère, et je désire que tu viennes avec moi, pour voir mon château.

— Volontiers, répondit le prince, mais comment y aller ? Toi, tu voles dans l’air, et je ne pourrais te suivre, ni à pied ni à cheval.