Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/303

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de la fontaine, puis elle partit. A mesure qu’elle descendait la montagne, elle répandait une goutte d’eau sur chaque pilier de pierre, et il en sortait des princes, des ducs, des barons, des chevaliers ; ses deux frères se levèrent aussi, les deux derniers ; mais, ils ne reconnurent pas leur sœur. Et tous se pressaient autour d’elle, lui disant :

— Donnez-moi l’Eau qui danse, jeune chevalier ; d’autres : donnez-moi la Pomme qui chante ; et d’autres : donnez-moi l’Oiseau de Vérité !

Mais, elle partit vite, emportant l’Eau, la Pomme et l’Oiseau. En passant par l’auberge où elle avait laissé son cheval, elle paya son écot, puis s’en retourna promptement à la maison, et y arriva longtemps avant ses frères. Quand ceux-ci arrivèrent aussi, ils embrassèrent leur sœur.

— Ah ! mes pauvres frères, leur dit-elle, que d’inquiétude vous m’avez causé ! Comme votre voyage a duré longtemps ! Mais, Dieu soit loué, puisque vous voici de retour !

— Hélas ! oui, ma pauvre sœur, nous sommes restés longtemps absents, et encore n’avons-nous rien fait de bien ; nous avons même eu de la chance de pouvoir revenir !

— Comment, vous ne rapportez donc pas l’Eau qui danse, la Pomme qui chante et l’Oiseau de Vérité ?