Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/311

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quel qu’il soit, qui lui construira un navire pour aller sur terre comme sur mer. Il veut tenter l’aventure, comme son aîné, et le lendemain, après avoir passé toute la matinée à abattre des arbres dans la forêt, comme il mangeait un morceau, assis contre le tronc d’un chêne, il entendit une voix qui disait, au-dessus de sa tête :

— Part pour moi aussi ! Part pour moi aussi !

Impatienté, il lui dit :

— Laisse-moi tranquille, Margot-la-Pie, et va-t’-en au diable.

— Qu’es-tu venu faire ici ? demanda la Pie.

— Des fuseaux, peut-être !... répondit Hervé.

— Des fuseaux ? soit, reprit l’oiseau, qui s’envola en criant : — Des fuseaux ! des fuseaux !..,

Quand Hervé se remit au travail, à chaque coup de cognée dont il frappait le tronc d’un arbre, il en jaillissait un fuseau.

— C’est, pour sûr, de la sorcellerie ! s’écria-t-il, effrayé.

Et il jeta là sa cognée et s’en retourna aussi à la maison, comme son aîné.

Le plus jeune, un enfant chétif et maladif, et que l’on nommait Cendrillon (Luduenn), dit alors :

— Moi, je veux partir aussi.

— Mon pauvre enfant ! lui dit son père, tu espères réussir, là où tes deux aînés ont échoué ?