Efflam se coiffa alors de son chapeau magique et enleva la chèvre, le plus facilement du monde, sans que personne y vît ni comprît rien.
— Je suis encore joué ! s’écria le roi, avec dépit, quand il s’aperçut que la chèvre avait disparu. Mais, qui est donc cet homme ? Il faut que ce soit un grand magicien, car il y a de la magie dans tout ceci. N’importe ! je ne me tiens pas pour battu, et je veux savoir jusqu’où cela ira.
Efflam avait tué la chèvre du roi, dès en rentrant chez lui, et avait dit à sa sœur de l’accommoder pour leurs repas, pendant qu’elle durerait, en lui recommandant bien de faire sa cuisine dans le plus grand secret, et de n’en donner le moindre morceau ni à mendiant ni à nulle autre personne. Ils devaient manger la chèvre à eux deux.
Cependant, le roi songeait au moyen de mettre à une nouvelle épreuve l’habileté et la finesse de son voleur. Il fit venir un mendiant aveugle et lui dit d’aller demander l’aumône aux portes de toutes les maisons de la ville, et de solliciter partout un peu de viande, qu’il goûterait aussitôt que reçue. Si on lui donnait quelque part de la viande de chèvre, il devait, avec un morceau de craie blanche, faire une croix sur la porte de la maison où il l’aurait reçue, et venir l’avenir sur-le-champ.