Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/421

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frappa un pied de chêne, qui tomba aussitôt sur un autre, lequel tomba sur un troisième, qui tomba sur un quatrième, et ainsi de suite, si bien qu’en très peu de temps, tout le bois taillis fut couché par terre.

Quand Jeanne vint, à midi, apporter son dîner à Jean, elle le trouva qui fumait tranquillement sa pipe, assis sur un tronc d’arbre.

Le second jour, tout le bois fut mis en fagots, et le troisième, il fut transporté dans la cour du manoir, et mis en un tas qui s’élevait plus haut que le toit de la maison.

Le seigneur était absent. Quand il rentra et vit cet énorme tas de bois :

— Que signifie ceci ? demanda-t-il, en colère.

— Eh bien ! lui dit tranquillement Jean, j’ai fait ce que vous m’aviez commandé ; j’ai coupé votre taillis, je l’ai mis en fagots et transporté et entassé dans votre cour, et tout cela, en trois jours ; j’ai bien travaillé, n’est-ce pas ?

Le seigneur était furieux ; mais, comme il pensait qu’il y avait de la sorcellerie dans l’affaire, il n’osa trop rudoyer Jean, et se contenta de lui dire :

— C’est bien ; retourne chez toi.

Cela ne faisait pas l’affaire de Jeanne et de son amoureux, et celui-ci dit encore à son maître, quelques jours après :