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Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/446

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tout bonnement ivre. Et comme elle ne tenait aucun compte des cris et des jurons, laissant son cheval continuer ses dégâts, quelqu’un lui porta un coup violent avec un penn-baz[1] et la fit tomber à terre.

Alors le Moine se montra, en criant :

— Ah ! malheureux, vous avez tué ma mère ! Et saisissant au collet l’homme qui avait porté le coup de penn-baz à la vieille :

— C’est toi qui as fait le coup ; je veux te conduire devant le juge, et tu seras pendu !…

— Taisez-vous, ne faites pas de bruit, répondit l’homme, effrayé, et je vous donnerai un peu d’argent.

— De l’argent pour ma mère ! s’écria le Moine, comme indigné, ma mère chérie, la meilleure des mères ; tout l’argent du monde ne pourrait me consoler de sa perte.

— Au nom de Dieu, ne faites pas tant de bruit ; demandez tout ce que vous voudrez…

— Eh bien ! puisque le malheur est fait et que vous ne pouvez me rendre ma pauvre mère en vie, il faut se résigner ; donnez-moi mille écus, et je la ferai enterrer sans bruit et sans vous inquiéter ; tous ces gens qui ont été témoins du malheur et qui vous connaissent et ne vous veulent

  1. Penn-baz, bâton à grosse tête inférieure en forme de boule.