Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/445

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— Je vous en prie, ne criez pas si fort, et faites-moi une demande. J’ai de l’argent, et je vous payerai sur-le-champ.

— Eh bien ! il me faut sept cents écus !

— Sept cents écus ! C’est bien cher, pour une vieille femme qui serait morte, un de ces jours, de mort naturelle.

— Sept cent écus ! Il me faut sept cent écus, à l’instant, ou je vais vous dénoncer, en ville.

— Eh bien ! taisez-vous, et je vais vous prendre sept cents écus, à la maison.

El le maître du poirier rentra chez lui et revint, un moment après, avec sept cents écus, qu’il donna au Moine, en lui disant :

— Et maintenant, allez-vous-en, au plus vite, et emportez votre mère, et ne dites jamais rien de ceci à âme qui vive.

Le petit Moine prit les sept cents écus et promit de se taire. Puis, il remit sa mère sur son cheval aveugle et reprit la route de Pontrieux.

En arrivant en ville, il laissa son cheval aller tout seul, le suivant, à quelques pas par derrière. Quand le cheval arriva au marché de la poterie, comme il ne voyait pas, il donna tout droit dans les pots et autres vases de terre, étalés pour la vente, et brisa tout sur son passage. Et les jurons et les malédictions de pleuvoir sur la vieille, qu’on ne savait pas être morte, et que l’on croyait