Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/45

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la porta à sa maîtresse. Alors, pour s’assurer de leur réussite, les deux femmes étendirent la serviette sur une petite table, et demandèrent qu’on leur servît un petit souper fin pour deux. Ce qui fut fait, aussitôt que dit. Le tour était encore bien joué, et leur joie était extrême.

Le lendemain matin, à l’heure du déjeûner le clerc, qui ne se doutait de rien, vint, comme à l'ordinaire, pour préparer la table. Mais, il eut beau dire : « Serviette, fais ton devoir !... » rien ne venait.

— Hélas ! se dit-il, en voyant cela, je suis encore joué ! Ma foi, tant pis ! Le roi déjeûnera ou ne déjeûnera pas, aujourd’hui, peu m’importe, et je vais déguerpir, au plus vite.

Et il partit, sans rien dire à personne, et se rendit, cette fois, chez son autre frère, le prêtre.

— Bonjour, mon frère le prêtre, lui dit-il, en arrivant chez lui.

— Bonjour, mon frère le clerc, je suis bien aise de te revoir ; as-tu réussi, dans tes voyages et reviens-tu riche ?

— Hélas ! non, mon frère ; jusqu’à présent, je n ai pas eu de chance, et je viens te prier de me venir en aide.

— Que puis-je pour toi, mon frère ?

— J’ai été à la cour du roi, et on m’y a volé ma bourse, d’abord, puis, la serviette de notre