Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/46

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frère le laboureur, qui avait bien voulu me la prêter. Je viens te prier de me prêter aussi ton manteau, afin de reconquérir avec lui et ma bourse et la serviette de notre frère.

— Je ne te prêterai pas mon manteau ; tu te le ferais aussi prendre, comme la bourse et la serviette. Je l’ai reçu de notre père, à son lit de mort, comme tu le sais, et je ne m’en dessaisirai pas, pendant que je serai en vie.

Mais, le clerc insista et pria si bien le prêtre, que celui-ci finit par lui confier son manteau, en lui faisant promettre de le lui rendre, sans tarder.

Il se rend encore à Paris, et va tout droit au palais du roi. Cette fois, il n’a pas besoin de la permission du portier, pour entrer. Il met son manteau sur ses épaules, et, devenu aussitôt invisible, il pénètre jusqu’à la chambre de la princesse. Celle-ci était seule. Il lui met un pan de son manteau sur la tête et dit :

— Par la vertu de mon manteau, je désire que nous soyons transportés tous les deux dans une île, au milieu de la mer, à cinq cents lieues d’ici.

Et aussitôt ils partent, à travers l’air, plus vite que le vent, et sont déposés dans une île, au milieu de la mer.

La princesse, se voyant jouée, à son tour, feignit de se résigner à son sort et même de se