Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/460

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Un jeune pâtre, qui avait aussi entendu ces paroles du roi, se dit en lui-même :

— C’est bien !... J’aurai la fille du roi, s’il est homme de parole !...

Le vieux monarque aimait à entendre chanter des gwerziou et des soniou, et conter des contes merveilleux et plaisants, et souvent, le soir, après souper, il venait s’asseoir au large foyer de la cuisine, et prenait plaisir aux conversations, aux chants et aux récits de toute sorte des gens de sa maison. Là, chacun chantait ou contait quelque chose, à son tour.

— Et toi, petit, tu ne sais donc rien, dit le roi, un soir, au jeune pâtre dont il a été parlé plus haut.

— Si fait, sire, répondit le jeune homme.

— Voyons donc ce que tu sais. Et le pâtre commença ainsi :

— Un jour, que je passais par un bois, je vis un superbe lièvre. Il courait sur moi, comme s’il ne me voyait pas. J’avais à la main une boule de poix. Je la lui lançai et l’atteignis au front, où elle se colla. Le lièvre continua de courir et alla donner du front contre le front d’un autre lièvre, qui venait à l’encontre de lui, si bien qu’ils collèrent l’un contre l’autre, sans pouvoir se dégager, et je les pris facilement tous les deux. Comment trouvez-vous cela, sire ?