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IV


LE TAILLEUR ET L’OURAGAN
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IL y avait une fois un tailleur et sa femme. Les femmes des tailleurs sont ordinairement paresseuses, et celle-ci l’était comme les autres. Elle avait nom Jeanne ar Balc’h, et son mari, Iann-troad-scarbet[1]. Sitôt que Iann était parti, le matin, pour son ouvrage, Jeanne se remettait au lit, et, quand elle en sortait, vers les onze heures ou midi, elle allait faire la commère dans le village et jaser de porte en porte, comme une pie borgne. Lorsque Jean rentrait, le soir, elle était toujours à son rouet ; si bien qu’il croyait qu’elle ne l’avait pas quitté, de toute la journée. Un matin, Jean dit à Jeanne :

— Aujourd’hui, femme, je n’irai pas en jour-

  1. Jean au pied de travers.