née, et nous irons tous les deux vendre le fil, au marché, car vous devez en avoir beaucoup, à présent.
Voilà Jeanne bien embarrassée ; comment faire ? Elle n’avait pas trois bobines de fil. Elle courut chez une commère, sa voisine, et lui conta la chose.
— Dites à votre mari, lui répondit la commère, qu’après avoir lavé votre fil, vous l’aviez mis à sécher dans le four du fournier, et que celui-ci, n’étant pas averti, a allumé son four, comme à l’ordinaire, et le feu a consumé le fil.
Jeanne revint à la maison, et rapporta mot à mot à son mari la réponse de la commère.
— Sotte ! s’écria Jean, en colère ; il faut que vous ayez complètement perdu le peu de raison que vous aviez, et je ne serai jamais que pauvre avec vous ! A présent, pour vous punir, vous sèmerez dans le courtil un demi-boisseau de graine de lin, que nous avons là ; et il faudra que, pour ce soir, quand je rentrerai à la maison, le lin soit mûr, tiré, roui, séché et mis en bottes sur le grenier.
— Mais, mon pauvre homme, répondit Jeanne, comment pouvez-vous parler de la sorte ? Personne au monde n’est capable de faire cela ; et comment voulez-vous que je le fasse, moi ?
— Vous vous y prendrez comme vous l’enten-