Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/79

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du tout ; venez avec moi, et je vous ferai voir que c’est la pure vérité.

Et elle le conduisit dans la prairie, où elle prétendait avoir étendu son lin à sécher, et lui en fit voir de tous côtés disséminé par le pré et les champs environnants, ou accroché aux buissons et aux branches des arbres. Jean crut alors, et il s’écria :

— Eh bien ! puisque c’est l’Ouragan qui a causé le dommage, c’est aussi lui qui le paiera, et je vais, à l’instant, me plaindre au maître des Vents.

Et il rentra à la maison, prit son penn-baz[1], une tourte de pain d’orge avec quelques galettes, et partit.

Il marcha pendant longtemps ; à force d’aller devant lui, toujours plus loin, plus loin, il arriva un jour au pied d’une colline, sur laquelle était assise une vieille femme, grande comme une géante. Ses cheveux blancs flottaient au vent, et une dent noire et longue, la seule qui lui restât, branlait dans sa bouche.

— Bonjour, grand’mère, lui dit Jean.

— Bonjour, mon fils, répondit la vieille ; que cherchez-vous ?

— Je cherche la demeure des Vents.

  1. Bâton dont l'extrémité inférieure se termine en boule.