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IV

  La jeune comtesse demandait
Un jour à sa belle-mère :
 
  — Qu’y a-t-il de nouveau dans cette maison,
J’entends les domestiques pleurer ? —

  — Le plus beau cheval de l’écurie
A été mangé par les loups. —

  — Dites-leur de ne pas pleurer,
J’arrangerai l’affaire avec mon mari. —

  La jeune comtesse demandait
A ses servantes, ce jour-là :

  — Pourquoi vos coiffes sont-elles pendantes ? (1)[1]
Ce n’est pas qu’il vous manque des épingles ;

  De la grande foire de Tréguier,
Je vous en avais apporté à chacune un millier ? —

  — Un mendiant avait été logé dans la maison,
Et il est mort cette nuit ;

  Il est mort cette nuit,
Et il convient de porter son deuil. —
 
  La jeune comtesse demandait
Encore à sa belle-mère, ce jour-là :

  — Qu’y a-t-il de nouveau dans cette maison ?
J’entends les prêtres chanter. —

  — Un mendiant avait été logé dans la maison,
Et il est mort dans la nuit ;

  Il est mort dans la nuit,
Et il faudra à présent l’enterrer. —

  — Dites-leur de chanter gaiment,
J’ai de l’argent, et je leur en donnerai. —

  La jeune comtesse demandait
Encore à sa belle-mère, ce jour-là :
 
  — Où donc est resté mon mari ?
Il ne vient plus me voir ;

  Il ne vient plus me voir,
Comme il en avait l’habitude. —

  — Vos paroles m’étonnent, ma fille ;
Vous n’êtes pas encore purifiée. —

  1. (1) Dans les campagnes du pays de Tréguier et de Lannion, les femmes
    qui sont en deuil laissent flotter sur leurs épaules les deux ailes de leurs coiffes blanches.