Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/67

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— Oh ! oui, certes, dit-elle, vous pouvez bien le croire,
Je n’ai pas un seul instant de repos, ni la nuit, ni le jour. —

— Qu’est-ce que ces choses repoussantes qui sont à vos oreilles,
Et qui souillent votre visage et vos pieds et vos mains ? —

— Tous les serpents de l’enfer me dévorent, jour et nuit.
Sans me laisser un seul moment de repos ;

Mes pieds, mes mains, tous mes membres
Sont comme le fer qui sort de îa fournaise ! —

— Dites-moi, mon amie, n’y aurait-il pas moyen
De vous racheter des supplices de l’enfer,

Par des jeûnes, des oraisons, de bonnes prières,
L’aumône aux pauvres, et la sainte messe ? —

— Les jeûnes, les oraisons, les bonnes prières
Ne font qu’accroître les peines d’une âme damnée. —

— Adieu donc, mon amie, puisqu’il faut partir,
Je voudrais bien vous embrasser une dernière fois ? —

— Sauf votre grâce, mon serviteur, vous ne ferez point cela.
Car vous seriez brûlé par le feu de l’enfer. —

— Adieu donc, mon amie, puisqu’il faut partir ;
Je donnerai de vos nouvelles à votre jeune sœur. —

— Oh ! oui, mon serviteur, oh ! oui, n’y manquez pas.
Donnez-lui de mes nouvelles, et lui dites de ma part

De n’être pas trop familière avec les galants,
De crainte, hélas ! Marie, d’être aussi damnée ! —


Chanté par Marie-Job KADO, vieille mendiante
Keramborgne 1844.