Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/100

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tons, et ils y passaient le temps à courir, à chanter et à jouer à différents jeux. Un jour qu’ils étaient assis au bord d’une petite rivière, qui passait au bas de la lande, laissant pendre leurs pieds nus au fil de l’eau, et se tressant des mitres d’évêques avec des joncs des marais, tout en chantant, ils virent venir à eux deux hommes qu’ils ne connaissaient pas et qui leur parurent être des étrangers. L’un d’eux était grand, âgé, et sa barbe était longue et blanche ; l’autre était plus jeune, et pourtant le premier était plein de déférence pour lui. C’étaient saint Pierre et notre Sauveur Jésus-Christ, voyageant en Basse-Bretagne. Quand ils furent près des deux jeunes garçons, notre Sauveur leur dit :

— Auriez-vous la bonté, jeunes pâtres, de nous faire passer l’eau ?

— Vous êtes un peu grands pour nous, répondit le petit pâtre.

— Peu importe ; prenons-les sur notre dos, et faisons-leur passer l’eau, à cause du vieux, répondit Pierre, le fils de la dame.

Et ils prirent chacun un des deux voyageurs sur leur dos et entrèrent avec eux dans l’eau. Le fils de saint Pierre (nous l’appellerons ainsi), qui portait le vieillard, c’est-à-dire saint Pierre, fut étonné de trouver sa charge beaucoup plus légère qu’il ne l’avait supposé, et il fut vite rendu de