Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/101

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l’autre côté. Mais son compagnon, quoique plus grand et plus fort que lui, était écrasé sous son fardeau, et, au bout de quelques pas, n’en pouvant plus, il dit à celui qu’il portait :

— Comme vous êtes lourd ! Je ne puis vous porter plus loin ; descendez, je vous prie, ou je tomberai avec vous dans l’eau.

— Du courage, mon garçon ; encore quelques pas, et tu n’auras pas lieu de regretter ce que tu auras fait pour moi, lui dit notre Sauveur.

Et, avec beaucoup de peine, il atteignit aussi l’autre bord ; mais il était tout brisé, et il se jeta, à terre en disant :

— Jamais je n’ai vu d’homme aussi lourd que vous ! Qui donc êtes-vous ?

— Ne sois pas étonné, mon enfant, de m’avoir trouvé si lourd, lui dit notre Sauveur, car avec moi tu portais le monde entier sur tes épaules ; je suis le bon Dieu lui-même, et, sans tarder, tu viendras me voir au paradis !

— Et vous, vieux père, demanda Pierre au vieillard, qui êtes-vous aussi ?

— Je suis saint Pierre, mon enfant, le portier du paradis.

— Saint Pierre ! Mais, alors, vous êtes donc mon père ?

— Ton parrain, peut-être, si tu te nommes Pierre, mais non ton père, car je n’ai jamais