Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/112

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et te fera maigrir jusqu’à n’avoir plus que la peau et les os. Dis, es-tu homme à faire tout cela ?

— Oui, et pis encore, s’il le faut, pour sauver ma mère !

On lui mit autour des reins la ceinture de fer garnie de pointes aiguës ; on la ferma, puis on lui en remit la clé, afin qu’il la jetât lui-même dans la mer, lorsqu’il la traverserait, en retournant dans son pays. Alors il partit. Quand il fut arrivé au bord de la mer, il y retrouva l’homme qu’il avait fait enterrer ; il monta encore sur son dos, pour passer l’eau, et, quand il fut au milieu du bras de mer, il y jeta la clé de sa ceinture. L’homme nu l’ayant déposé sur le rivage opposé, lui fit ses adieux et lui exprima l’espoir de le revoir dans les joies éternelles, c’est-à-dire dans le paradis, où il allait à présent être admis lui-même.

Pierre se dirigea alors vers son pays. Sa ceinture lui faisait souffrir un supplice continuel, surtout quand il marchait ; pourtant, il ne s’en plaignait jamais. Souvent, il n’avait pour toute nourriture que quelques racines d’herbes et les fruits sauvages qu’il pouvait trouver le long de la route ; et, toutes les nuits, il couchait à la belle étoile, avec une pierre sous sa tête, en guise d’oreiller. Il était devenu si maigre, qu’il ressemblait à un squelette ambulant, et ceux qui le