Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/116

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— Quel est le morceau que vous préférez ? lui demanda encore le seigneur.

— La tête, s’il vous plaît.

Le seigneur lui servit la tête, et il y trouva une petite clé, qu’il reconnut aussitôt pour être celle de la ceinture de fer qu’il portait toujours autour des reins. Il prit la clé avec empressement, puis il se leva et parla de la sorte, en s’adressant à son hôte :

— Dites-moi, seigneur charitable et compatissant, n’aviez-vous pas un fils qu’on avait surnommé le fils de saint Pierre, et qui partit un jour pour aller voir son prétendu père au paradis ?

— Oui, vraiment, répondit le vieux seigneur, étonné.

— Et vous ne l’avez pas revu depuis ?

— Hélas ! non.

— Eh bien ! c’est moi qui suis votre fils, et j’ai été en effet au paradis, voir saint Pierre, mon autre père ; j’y ai aussi vu le bon Dieu, et je vous apporte de bonnes nouvelles, et à ma mère aussi, quelque dure qu’elle ait été pour moi.

Le père se jeta dans les bras de son fils et le serra fortement sur son cœur, et ils pleuraient de joie tous les deux. Puis, s’adressant à un serviteur :

— Dites à votre maîtresse d’accourir, pour embrasser son fils, qui est revenu !