Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/122

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chevaux des fermiers et des seigneurs du pays, ceux des voyageurs qui passaient. Comme il était un excellent ouvrier, sa maison ne désemplissait pas de pratiques, qui venaient le trouver de tous les côtés, et de fort loin quelquefois. Aussi, s’était-il fait représenter sur son enseigne en train de ferrer un cheval, et avec cette inscription peu modeste au bas : Éloi, forgeron et maréchal-ferrant, maître des maîtres, maître sur tous.

Un jour, un voyageur passant devant sa forge s’arrêta pour lire l’enseigne, et, après l’avoir bien considérée, il sourit, puis entra et se présenta au maître comme un compagnon forgeron cherchant de l’ouvrage. Éloi avait besoin précisément d’un ouvrier forgeron, pour le moment. Il interrogea un peu l’inconnu sur ce qu’il savait faire.

— Je sais faire tout ce qui concerne l’état, lui répondit celui-ci, la serrurerie, des socs de charrues, ferrer les chevaux, panser le bétail, et le reste.

— Combien de fois mettez-vous le fer au feu pour faire un bon fer à cheval ?

— Je ne l’y mets jamais plus d’une fois.

— Une seule fois?

— Oui, une seule fois.

— Moi aussi, je peux le faire en une fois ; mais je préfère l’y mettre deux fois ; c’est plus sûr. Mais, tenez, donnez-nous tout de suite une