Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/123

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preuve de votre savoir-faire ; voilà un cheval dont il faut renouveler les quatre fers, et son maître l’attend impatiemment.

Le compagnon forgeron jeta sa veste à bas et retroussa ses manches de chemise. Puis, prenant du fer, il le mit dans le feu, souffla, l’en retira quand il fut rouge, et le battit sur l’enclume.

En un clin d’œil, il eut forgé ses quatre fers. Éloi le regardait faire et se disait à part soi :

— Voici un bon ouvrier !

L’inconnu alla ensuite au cheval, qui était attaché à un anneau fiché dans le mur, à la porte de la forge, et il lui coupa et détacha net un pied.

— Que faites-vous là, malheureux ? lui demanda vivement Éloi.

— Comment, maître, vous ne travaillez donc pas de cette façon ? C’est pourtant bien plus commode et plus vite fait. Voyez, cela va être terminé en un instant.

Et il serra le pied du cheval dans un étau, cloua, lima, fit la toilette du sabot, puis il le remit à l’animal, comme devant, et lui en coupa un second, qu’il travailla de la même manière, puis un troisième, puis le quatrième. Eloi regardait en silence et n’en revenait pas de son étonnement.

— Qu’est-ce donc que cet homme ? pensait-il.

— Eh bien ! maître, lui dit le compagnon,