Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/133

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veur Jésus-Christ ! Et mes pauvres enfants qui n’auront encore rien à manger ce soir !

Son cœur était rempli de douleur et de désolation, et il se mit à pleurer à chaudes larmes.

En ce moment, il vit venir vers lui un autre inconnu, qu’il ne connaissait pas plus que le premier ; mais, autant le premier avait l’air dur et méchant, autant celui-ci paraissait doux et compatissant. Il s’approcha de Jean L’Andouar et lui demanda :

— Qu’avez-vous, mon brave homme, pour vous désoler de la sorte ?

— Hélas ! monseigneur, je suis bien malheureux ! Un seigneur que je ne connais pas vint me trouver, hier, à ma chaumière, et me dit que, si je voulais passer la journée d’aujourd’hui à couper de l’ajonc sur cette lande, il me paierait bien. Comme je n’ai plus de pain à la maison, et que mes pauvres enfants y meurent de faim, j’ai accepté, quoiqu’à regret, considérant combien ce jour est saint. J’ai bien travaillé, comme vous le voyez, et l’étranger qui avait promis de me venir payer ici, au coucher du soleil, ne vient pas !

— Il ne viendra pas, mon pauvre homme ; mais aussi, pourquoi travailler le saint jour de Noël ?

— Hélas ! j’ai eu tort, je le reconnais ; mais mes pauvres enfants sont à la maison, près de