Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/153

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et il pria, ce jour-là, plus tard que d’ordinaire. Comme il s’en retournait à la maison, rêveur et pensif, il rencontra un seigneur inconnu et qui lui fit peur, à première vue. C’était son parrain.

— Bonsoir, mon filleul, lui dit l’étranger ; comme te voilà déjà un grand et beau garçon!... Il est vrai que tu vas avoir douze ans, et tu sais sans doute (car ton père a dû te le dire) qu’il est convenu entre nous, ton père et moi, que le jour où s’achèvera ta douzième année, tu viendras avec moi, pour que je termine ton éducation.

Et comme l’enfant le regardait d’un air effaré et paraissait avoir peur :

— Ne crains rien, mon enfant, ajouta-t-il, car je t’aime bien, et dans mon château, tu seras beaucoup mieux que chez ton père, et tu y trouveras à souhait tout ce que tu pourras désirer : bonbons, jouets... enfin, rien ne t’y manquera. Ne veux-tu pas venir chez ton parrain, dis ?

Et il voulut l’embrasser. Mais l’enfant fit la moue, détourna la tête et dit :

— Ma marraine m’a dit de ne pas vous écouter.

— Ta marraine ? Mais tu la connais donc, ta marraine ?

— Oui, et je la vois souvent, quand je vais faire ma prière devant l’image de la sainte Vierge, dans la chapelle, et elle me dit d’être sage,