Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Jésus ! mon père ermite, vous brûlez ! s’écria l’enfant, en voyant la fumée et en sentant l’odeur de rôti.

— Ce n’est rien, mon enfant ; n’y fais pas attention ; j’essaie de m’habituer ainsi au feu de l’enfer, où j’irai sûrement, sans tarder, à cause de mes crimes nombreux et épouvantables, car j’ai été un brigand redouté et sans cœur, dans ma jeunesse.

— Vous, mon père, aller en enfer, après une pénitence si terrible ? reprit l’enfant. Oh non ! cela n’est pas possible, car Dieu est bon et miséricordieux, et il vous pardonnera certainement, à cause de votre repentir et de votre pénitence ; mais moi, hélas ! je suis, dès ma naissance, destiné aux feux de l’enfer, et je m’y rends présentement.

— Que me parles-tu de l’enfer, mon enfant ? jeune comme tu l’es, tu ne peux avoir encore mérité d’y aller.

Alors le moine expliqua tout à l’ermite.

— Hélas ! s’écria le solitaire, votre sort est effrayant, mon fils, et celui de votre mère ne l’est pas moins. Mais ne vous laissez pourtant pas aller au désespoir, car la bonté et la miséricorde de