Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/196

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Dieu sont infinies, comme vous le disiez vous-même, il n’y a qu’un instant. Voici ce qu’il vous faudra faire : c’est demain le jour fatal, dites-vous ? Vous passerez la nuit avec moi dans mon ermitage à prier et à écouter mes instructions, et, demain matin, vous vous rendrez à l’extrémité de la lande, ayant dans vos poches plusieurs burettes remplies d’eau bénite que je vous donnerai. Vous verrez bientôt arriver le diable Beelzébud, votre père, ou quelqu’un des siens, qu’il enverra pour vous chercher. Il vous invitera à monter sur son dos, afin d’aller plus vite. Vous obéirez ; mais, dès que vous serez sur son dos, il s’enfoncera en terre jusqu’à mi-corps, et vous jettera à bas en vous disant : « Que vous êtes donc lourd ! Est-ce que vous auriez sur vous des reliques saintes ou un morceau de la sainte croix ? » Vous assurerez que vous n’avez sur vous rien de semblable. Il se retirera avec peine de la terre et vous dira de monter encore sur son dos. Vous le ferez, et il s’enfoncera encore en terre jusqu’aux aisselles. Enfin, à un troisième essai, il disparaîtra jusqu’aux yeux. Alors, il poussera des cris effrayants, pour appeler du secours. Aussitôt, vous verrez accourir tout un troupeau de diables hideux, et, en vous poussant et en vous lançant de main en main les uns aux autres, ils viendront à bout de vous faire arriver dans l’enfer. Votre