Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/204

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Quelques jours après avoir prononcé ces paroles coupables, elle se trouva enceinte, et, au bout de neuf mois juste, elle donna le jour à un fils, un enfant de fort bonne mine.

Elle avait un frère prêtre, qui fut le parrain de l’enfant et lui donna le nom de Maudès, comme lui-même.

Maudès venait à merveille et poussait comme la fougère, au printemps. Son parrain lui fit l’école de bonne heure, et il apprenait tout ce qu’on lui montrait. À l’âge de huit ans, on l’envoya à l’école, chez les moines d’une abbaye voisine. Il y allait seul tous les matins, portant dans un panier ses livres et son dîner, — du pain et du beurre, une crêpe, et quelquefois un peu de lard. Puis il s’en revenait, le soir, l’école finie. Un matin qu’il allait à son ordinaire à l’abbaye, en repassant sa leçon, le long de la route, et son panier à son bras, dès qu’il eut dépassé une croix de pierre qui se trouvait dans un carrefour, et devant laquelle il se découvrait toujours, un barbet noir sortit de derrière un buisson, vint droit à lui et, prenant le petit doigt de sa main gauche dans sa bouche, il se mit à le sucer et ne l’abandonna qu’à la porte de l’abbaye. Et tous les jours, désormais, quand il passait dans cet endroit, le barbet noir l’y attendait et lui suçait le petit doigt de la main gauche, jusqu’à la porte de l’école. L’enfant n’osait en