Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/205

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rien dire, ni à ses parents, ni aux moines, parce que le chien noir l’avait menacé de le dévorer, s’il parlait. Mais, gai et joyeux jusqu’alors, il était devenu triste, silencieux, et maigrissait de jour en jour, d’une façon inquiétante. On avait beau l’interroger à ce sujet, il gardait le silence et se contentait de pleurer à chaudes larmes. Il en vint à un tel point qu’il faisait pitié à voir. Son parrain, à force d’insistances et de prières, réussit enfin à le faire parler, et il avoua tout. Le lendemain matin, comme Maudès se rendait à l’école, à son heure habituelle, le prêtre était caché derrière un buisson, au bord de la route, et quand il vit le barbet noir prendre dans sa bouche le petit doigt de l’enfant, il s’élança de sa cachette, et, s’avançant vers lui :

— Retire-toi, vilaine bête, et laisse en paix cet enfant, qui est mon filleul.

Le chien grogna, montra les dents, et, prenant la parole comme un homme, il dit :

— Cet enfant m’appartient ; quand il aura douze ans, je l’emmènerai chez moi, et en attendant, je viens tous les jours sucer son sang et la moelle de ses os, et cela me fait grand bien. Le prêtre fit sur lui le signe de la croix, et il se retira, en montrant les dents. Maudès revint alors à la maison, accompagné de son parrain, qui dit à sa sœur de préparer un grand repas