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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/209

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— Il faut vous remettre en route et aller plus loin, mon fils ; voici une boule qui marchera devant vous ; vous n’aurez qu’à la suivre, et elle vous conduira jusqu’à mon frère le brigand, qui habite avec sa bande dans une forêt, offensant continuellement Dieu et faisant tout le mal possible ; celui-là connaît bien et vous montrera la route de l’enfer, où vous devez aller à présent. Prenez encore cette lettre, que vous lui remettrez, et qui lui expliquera votre cas.

Maudès ne désespéra point pour entendre ces paroles ; mais, s’armant de courage, il se remit en route, à la suite de sa boule, qui marchait devant lui, et arriva à l’habitation du brigand. Celui-ci s’était converti ; il avait congédié sa bande et vivait à présent seul, sous un rocher, au milieu du bois, priant constamment et faisant rude pénitence. Pour s’habituer au feu de l’enfer, où il se croyait sûr d’aller, ou pour le moins au purgatoire, il avait construit un four dans lequel il pasait tous les jours quelques moments, le chauffant un peu plus, à chaque fois. Il reconnut la boule de on frère l’ermite et dit, en la voyant arriver :

— Salut, boule de mon frère l’ermite. Il y a longtemps que je ne t’avais vue ; qu’y a-t-il donc de nouveau, pour qu’il t’envoie jusqu’à moi ?

Maudès lui remit alors la lettre de l’ermite. Il la lut et s’écria :