Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/210

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— Hélas ! mon pauvre enfant, comment, toi aussi, et si jeune ?... Toi qui n’as encore fait de mal à personne, condamné au même sort que moi, qui suis chargé de crimes et d’iniquités de toute sorte !… Mais, écoute-moi bien ; suis de point en point mes conseils, et je t’arracherai encore aux griffes du diable, qui croit pourtant bien te tenir. Retourne chez ton parrain, et dis-lui de te faire faire une paire de sabots ; mais il faudra qu’aucune main n’y entre avant tes pieds. Tu te muniras d’une fiole d’eau bénite et te rendras ensuite avec tes sabots et ta fiole à l’endroit où tu rencontrais tous les jours le barbet noir, quand tu allais à l’école, et tu l’appelleras. Tu verras alors venir à toi un homme qui te sera inconnu. Il te dira de monter sur son dos, pour te porter chez son maître. Mais comme il te trouvera trop lourd, il te priera de descendre et appellera un autre plus fort que lui. Un autre individu arrivera aussitôt et te priera aussi de lui monter sur le dos ; mais il te trouvera également trop lourd et appellera un troisième. Ce troisième aussi ne pourra te porter, et ils conviendront alors entre eux de faire de toi trois morceaux, afin de pouvoir te porter ainsi plus facilement chez leur maître. Tu leur diras : — « Je vous appartiens, je le reconnais ; mais il faut que vous m’emportiez tout d’une pièce, tel que je suis, ou vous perdrez tout droit sur