Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/211

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moi. » Enfin, à eux trois, ils viendront à bout de te porter jusqu’à la maison de leur maître. Quand tu arriveras dans l’enfer (car c’est bien là qu’il te faut aller), tu y verras, entre autres choses, mon siège, dans une fournaise ardente. Puis le maître de ces lieux te donnera une coquille de patelle (brinik) et te dira qu’il te faudra remplir d’eau avec elle un grand bassin dont le fond est percé, et que tu seras libre de t’en aller quand tu l’auras rempli, mais pas avant. Tu feras semblant de te résigner et te mettras résolument à l’ouvrage ; mais quand tu auras vidé trois ou quatre fois ta coquille dans le bassin, tu y verseras trois gouttes d’eau bénite de ta fiole, et le bassin se trouvera rempli instantanément. Alors tu iras dire au grand diable que ta tâche est accomplie et qu’il n’a qu’à venir voir, s’il ne croit pas. Le grand diable, émerveillé et n’y comprenant rien, te dira que tu es libre de partir. Mais tu lui répondras que tu ne t’en iras pas avant qu’il ne t’ait signé de son sang qu’il renonce à tout pouvoir et sur toi et sur celui à qui est destiné le siège qui m’est réservé, dans la fournaise où le feu est le plus vif. Il le dira : « Jamais ! jamais ! car pour celui-là il m’appartient bien, et il ne m’échappera pas. » Tu lanceras alors de l’eau bénite autour de toi, de tous côtés, jusqu’à ce qu’on te somme de t’en aller. Tu répondras que tu ne t’en iras qu’avec