Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/246

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avec courage, et tu arriveras bientôt à une clôture de pierre, qui barre la route ; tu franchiras cette clôture. Mais ne regarde pas derrière toi avant de l’avoir franchie, quoi que tu puisses entendre, ou tu es perdu. Quand tu auras passé cette barrière, tu te trouveras au pied d’une haute montagne, et il te faudra gravir jusqu’au sommet de cette montagne, à travers les orties, les ronces et les épines, qui sont si fournies et si pressées, à sa base, qu’à peine si un lièvre pourrait y passer. Si tu peux arriver jusqu’au sommet de la montagne, tu verras là un beau château dont les murailles, toutes d’or et de pierres précieuses, t’éblouiront. Mais tu n’auras qu’à frapper à la porte de ce beau château, et aussitôt saint Pierre t’ouvrira, car c’est là le paradis. Tu présenteras ta lettre à un vieillard à barbe blanche et qui me ressemble, que tu verras là aussi, et il te dira ce qu’il te faudra faire ensuite. Dis-moi encore, es-tu bien décidé à entreprendre le voyage, à présent que tu sais que le chemin est difficile ?

— Oui, j’y suis bien décidé, et il n’est pas de travail ni de mal si durs que je ne sois prêt à les affronter, pour voir le paradis et le bon Dieu. Donnez-moi votre lettre.

Le jeune pâtre partit avec la lettre, après avoir fait le signe de la croix et en disant : À la grâce de Dieu ! et le vieillard resta auprès de son