Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/252

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mais, hélas ! ils ne peuvent pas jouir de la vue de Dieu, parce qu’ils n’ont pas reçu l’eau du baptême. Ils ne souffrent pas pourtant.

— Et les gens de toute condition qui gravissaient la montagne quand j’en descendais, et qui me saluaient et me remerciaient en passant ?

— Ce sont de pauvres âmes que tu as délivrées du purgatoire, quand tu y as passé, pour les avoir seulement touchées, sous la forme des ronces et des épines qui te déchiraient le corps, et qui allaient au paradis.

— Oh ! oui, j’ai beaucoup souffert dans mon voyage ; voyez, mon père, comme mes pieds, mes mains et tout mon corps sont couverts de sang et de plaies ; mais rien que la vue du paradis m’a vite fait oublier tout cela.

— Hélas ! mon pauvre enfant, le chemin du paradis est étroit et difficile ; mais puisque tu l’as déjà fait une fois, tu y repasseras, à présent, sans mal. Que ferais-tu, désormais, dans ce monde ? Tous tes parents sont morts depuis longtemps. Viens donc avec moi, car je suis ton père qui est au ciel !

Et le vieillard l’emmena avec lui au paradis, car ce vieillard-là était le bon Dieu lui-même !

Conté par Catherine Le Bêr, de Pluzunet, Côtes-du-Nord.)