Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/26

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suivie , avec le même zèle et la même méthode, par MM. Emmanuel Cosquin et le comte de Puymaigre, pour la Lorraine ; Jean Bladé,pour l’Agenais et l’Armagnac ; Achille Millien, pour la Nièvre ; Henri Carnoy, pour la Picardie, et d’autres encore dont les recueils ne tarderont pas à paraître.

Comme on le voit, le goût des récits merveilleux et des contes de fées, qui, de tout temps, ont été la littérature ordinaire et l’unique poésie de nos foyers rustiques, se réveille chez nous, après un assez long sommeil. Aux XVIe et XVIIe siècles déjà, ces fables gracieuses ou bizarres, aussi anciennes que l’humanité peut-être, avaient été fort en vogue, grâce à Charles Perrault, à Mme d’Aulnoy, Mr Leprince de Beaumont et quelques autres aimables écrivains du célèbre recueil : Le cabinet des Fées ; puis une indifférence complète et regrettable avait suivi. Nos pères ne cherchaient dans ces contes qu’un amusement et une distraction de l’esprit : ils y ajoutaient ordinairement, à l’adresse des enfants, des moralités, qu’on ne rencontre que très-rarement dans la bouche des conteurs populaires, lesquels ont reçu et transmis assez fidèlement la tradition, de génération en génération, Aujourd’hui, un élément scientifique s’y est mêlé, ou du moins y a été découvert, et en a considérablement augmenté l’importance, sinon l’attrait et la poésie. Lorsque le travail entrepris par la critique savante sur le sujet sera terminé, on sera étonné de voir quel rôle les contes ont joué dans le développement de la civilisation.