Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/27

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Voltaire lui-même, qui a consacré tant de volumes à combattre les superstitions universelles, n’était pas insensible aux charmes de nos vieux contes de fées, qui ont diverti et consolé tant de générations successives, depuis le berceau de l’humanité, et toute son ironie tombait et se fondait en sensibilité poétique, au récit des aventures de Cendrillon, du Petit-Poucet et du Petit-Chaperon-Rouge, comme le prouvent les charmants vers que voici, et que nous regardons comme une de ses plus gracieuses inspirations :


Ah ! l’heureux temps que celui de ces fables,
Des bons démons, des esprits familiers,
Des farfadets aux mortels secourables !
On écoutait tous ces faits admirables,
Dans son manoir, près d’un large foyer :
Le père et l’oncle, et la mère, et la fille.
Et les voisins, et toute la famille.
Ouvraient l’oreille à Monsieur l’aumônier,
Qui leur faisait des contes de sorcier.
On a banni les démons et les fées ;
Sous la raison, les grâces étouffées
Livrent nos cœurs à l’insipidité.
Le raisonner tristement s’accrédite :
On court, hélas ! après la vérité :
Ah ! croyez-moi, l’erreur a son mérite !


Quimper, le 20 juin 1881.