Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/262

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— Merci, grand père, dit Joll, en prenant la boule ; mais, dites-moi, je vous prie, avant de me remettre en route, que signifie ce que je vois ici autour de moi ? Je vois, en effet, trois pommiers, dont l’un porte de belles pommes mûres, un autre, des pommes à peine formées, et enfin un troisième, qui est tout couvert de fleurs.

— Quand vous repasserez par ici, mon enfant, en revenant du paradis, je vous expliquerai tout cela. Ma boule, comme je vous l’ai déjà dit, vous conduira ; vous n’aurez qu’à la suivre. Vous arriverez bientôt près d’une croix où vous verrez un vieillard agenouillé et priant. C’est mon fils, qui, depuis cinq cents ans, est dans cette posture. Il reconnaîtra ma boule et vous recevra bien, et vous donnera des conseils que vous suivrez exactement.

— Merci, grand père, et que Dieu vous bénisse, dit Joll.

Et il posa sa boule à terre. Aussitôt elle commença à rouler, et lui de la suivre. Au bout de quelque temps, elle alla heurter contre les marches d’une croix de pierre.

— Salut à toi, boule de mon frère, — lui dit un vieil ermite qui y priait à genoux ; — voici cent ans que je ne t’avais vue ; qu’y a-t-il de nouveau ?

Et apercevant alors Joll, il lui demanda :