Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/261

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autre besoin, lorsqu’un jour, une voix douce et compatissante lui parla de cette façon :

— Où allez-vous ainsi, mon pauvre garçon ?

— Il est inutile que je vous le dise, répondit Joll ; vous ne pouvez rien pour moi.

— Peut-être ; dites-moi toujours.

— Eh bien ! — car je devine à votre voix que vous êtes bon et compatissant, — je vais vous dire ce que je n’ai encore dit à personne : le roi m’a donné l’ordre de porter une lettre de lui au bon Dieu, dans son paradis, et si, au bout d’un an et un jour, je n’ai accompli mon voyage et rapporté une réponse, je dois être pendu, et mon maître pareillement.

— Eh bien ! mon garçon, ôtez à présent le bandeau qui couvre vos yeux, et je vous conseillerai et vous mettrai sur le bon chemin. Vous approchez du terme de votre voyage ; vous êtes ici au pied du mont Calvaire.

Joll ôta son bandeau et vit un vieillard à barbe blanche et d’une mine très-avenante qui se promenait dans un jardin rempli de belles fleurs. Et ce vieillard lui parla de la sorte, en lui présentant une boule :

— Voici, mon enfant, une boule ; prenez-la, mettez-la par terre, et elle roulera d’elle-même ; suivez-la, et elle vous conduira jusqu’à mon frère, qui vous dira ce que vous devrez faire.