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Aussitôt il s’affaissa sur lui-même, et mourut sur la place. Et l’on vit alors deux anges blancs qui descendirent du ciel et l’emportèrent au paradis !

Quant aux deux autres, ils ne tardèrent pas à mourir aussi dans le couvent des capucins de Morlaix, et ils allèrent rejoindre leur frère, leur père, leur mère et leur tante, qui les attendaient dans le paradis de Dieu !

(Conté par Guillaume Le Goff, laboureur, au bourg de Braspartz (Finistère).


Les fontaines où il ne faut pas boire et dont l’eau fait dormir ont quelque analogie avec celles de l’Homme aux dents rouges, du recueil de M. Bladé : Contes populaires recueillis en Agenais.

La leçon morale qui ressort de ce conte, c’est la toute-puissance de la foi et de la pénitence. Cette morale était chère aux écrivains du moyen âge. C’est aussi celle de la légende de saint Grégoire le Grand, dont la fin ressemble à notre conte. En voici une analyse très-sommaire :

Grégoire, d’après cette légende, est le fruit de l’union incestueuse d’un frère et d’une sœur. La fatalité, qui le poursuit comme Œdipe, lui fait plus tard épouser sa propre mère, sans le savoir. Lorsqu’il découvre l’horrible vérité, il s’enfuit secrètement, vêtu de haillons. Il erre au hasard et arrive sur le bord de la mer. Il demande l’hospitalité à un pécheur. Celui-ci le repousse grossièrement et plaisante sur son embonpoint, qu’il trouve étrange chez un mendiant. La femme du pécheur intercède pour l’étranger, et on lui permet de passer la nuit dans la cabane, sur la paille. Pendant le repas, Grégoire ne veut accepter qu’un morceau de pain d’orge. Le pêcheur continue de railler son hôte. Il lui conseille de se faire ermite. Grégoire répond qu’il cherche